De la prose à lire et à rire...
Les Isnes
Oh! La saveur des noisettes me rappelle la maison des Isnes.
Au temps des grands bonheurs, des grands pleurs,
Des grandes personnes,
Des sous-bois, des larges pelouses,
Des goûters, les doigts pleins de terre.
Des camps retranchés dans les arbres,
Un vieux tennis encerclé par les mauvaises herbes,
Les oreilles géantes de rhubarbe,
L'humidité obscure sous le très vieux châtaigner,
Le bac-à-sable et le drôle de saule-pleureur.
Le potager aux légumes sacrés,
Regardez où vous mettez les pieds!
Et puis le vieil atelier rempli de bricoles agricoles,
Le royaume de Bon-Papa, sa caverne d'Ali-Baba
Où je l'espionnais parfois.
La tondeuse à gazon à conduire sur laquelle je trônais
Comme un homme, un vrai.
La salle-à-manger pour la semaine,
Pas celle pour les invités,
La petite et lourde table et sa toile cirée.
La cuisine sous les néons,
Le serpentin tueur de mouches,
Le vieux salon du siècle passé, ses fauteuils rematelassés,
Les immenses tapis d'orient usés,
Les hautes fenêtres au vitres fatiguées
Qui déformaient le paysage,
Le tourne-disque, ivre de Beethoven et de Strauss.
Dans l'autre pièce:
La table des grands jours et des grands jeux,
Des grands repas de famille.
Du cougnou de Noël et des expos de Mécano.
Puis ces nuits de terreur, sous les tableaux deTonton Marc.
Les oiseaux empaillés, les armoires géantes.
La vierge veilleuse,
La ligne de lumière qu'on laissait entrouverte.
Oh! Ces nuits de terreur.
La maison de Bonne-Maman
Qui assassinait mes peurs
A coups de "Silence! On dort maintenant!"
C’était aux Isnes,
Il y a longtemps et pour toujours
Dans ton manoir,
La châtelaine aux bottes en caotchouc,
Bonne-Maman...
MON OPEL
Le visage sentencieux de la caissière au guichet du contrôle technique. Son regard vers les autres caissières, cette moue de soupir, cet air très entendu de jugement sans procès. Le son de ma voix, mes deux boucles d'oreilles, mes lunettes "design", mon vieux cuir usé... tout semblait concorder pour faire de moi le coupable rêvé, l'archétype typique du modèle standard, le looser référence qui dépense son argent à des futilités inutiles (Oui ! Je sais ! C’est un pléonasme mais c’est plus fort qe moi !) Alors que son bas-de-caisse est rouillé, ses freins fatigués, ses phares souffrant de strabisme convergent etc... cette intolérable arrogance du chômeur dynamique et motorisé face à la vitre blindée de la prison administrative de la pauvre guichetière.
Cette grosse caissière au visage tartiné de fond de teint à bon marché représentait pour moi la quintessence de la détresse humaine et plutôt que de nourrir du mépris pour elle, j’éprouvai une sainte compassion. Tout plongé dans mes réflexions judéo-philosophique, j’entendis soudain le son aigre et métallique d’un haut-parleur persifler mon nom et la marque de ma voiture. Tel un condamné montant sur l’échafaud, je m’approchai de mon bourreau surmaquillé.
Rien ! Pas la moindre remarque, pas le moindre commentaire humiliant! Juste un geste mécanique me passant mes papiers par le tiroir métallique. Je regardai fébrilement la fiche du contrôle. Le verdict était là, devant moi, administratif et indifférent, sans appel. Tout était à refaire, le bas-de-caisse, les freins, les amortisseurs, les pneus, le cardan... Cette femme n’ignorait certainement pas la soudaine détresse qui venait de m’envahir, le calvaire financier qui se profilait à l’horizon de mon futur le plus proche. Mais elle ne bronchait pas, elle était déjà occupée à empaqueter le verdict suivant. Hallucinant ! Combien de drames voyait-elle chaque jour se dérouler devant ses yeux rimmelisés, je n’osais l’imaginer. Pour combien de victimes endettées devait-elle être le symbole statuesque de l’indifférence et de la cruauté ? Mes yeux injectés d’indignation regardaient maintenant le vide intergalactique de ses yeux gris et mes oreilles écartelées entendirent : « 900 francs, Monsieur, ça fera 900 francs ! ». Rhââ ! Elle s’acharnait ! La Bête était en elle, j’en étais sûr désormais. Je sortis en tremblant mon dernier billet de mille francs de mon portefeuille en peau de Skaï et le glissai dans le tiroir coulissant en prenant bien garde de ne pas me faire mordre. Ces engeances diaboliques sont souvent vicieuses et imprévisibles. Elle me rendit gentiment les 100 francs par-dessous le vitrage. Elle savait que je savais !
Le corps en cendres, les articulations en ciment je sortis du bureau et me dirigeai péniblement vers ma martyre, ma soumise, mon innocente Opel.
Mon Opel Ascona née en 1982 dans une usine dont j’ignorais tout si ce n’est son nom : l’usine Opel. Mon Opel qui n’avait même pas vingt ans et dont le corps meurtri souffrait déjà d’un terrible virus : La négligence ! Ma négligence ! Oui! C’était moi le coupable, le père adoptif mais indigne. Il aurait suffit d’un rien, d’un tout petit peu d’affection, de petits entretiens, de quelques vidanges, de retouches d’antirouille, de coups d’éponges... Tous ces petits riens qu’on croit futiles mais qu’une voiture attend de vous comme autant de rappels et de manifestations d’amour et de tendresse. Je n’avais pas vu l’inévitable s’approcher, trop occupé à me préoccuper (Non ! Ca n’est pas un pléonasme ! Non mais !) De ma personne et de ma sacro-sainte carrière dans laquelle j’engouffrais jusqu’au dernier centime, gardant juste le minimum requis pour la survie de mon corps épuisé de labeur : de quoi me faire des pâtes au beurre et boire mes 5 canettes journalières de pseudo-bière allemande à 35 francs le demi-litre, si, si ! 35 francs le demi-litre ! (L’adresse se trouve à la fin de l’histoire ! C’est un Turc vachement sympa ! Bosoglu ou turgluglu, je sais plus !) (Oui ! Ca, c’est une rime ! Ah ! J’t’épate hein ! Non? ...Bon!). Où en étais-je ? Ah oui! L’inévitable... La séparation !
Depuis quelques mois, quelque chose s’était cassé entre elle et moi. Je n’arrivais pas à comprendre ce qu’il nous arrivait et cela me torturait... Jusqu’au jour où, n’y tenant plus, elle s’est mise à parler. Oh ! Vous savez ! Comme parlent les voitures... ça vous boude, ça vous tire la gueule... ça vous bousille son démarreur, ça vous encrasse le gicleur, ça vous fait fuir le radiateur et j’en passe... Moi qui croyait la chérir de tout mon coeur... pas le moindre crissement de pneu, pas le moindre virage à la corde, pas de coup d’accélérateur fougueux ! C’est le jour où les deux amortisseurs arrières transpercèrent le coffre arrière que l’inévitable m’apparut dans toute sa cruauté... Mon Opel se mourrait ! Il me fallait voir les choses en face et affronter la réalité avec courage et résignation. Mais pourquoi ? Oui ! Pourquoi ? Pourquoi le destin s’acharnait-il sur moi et, en plus, au pire moment (Je venais de recevoir ma facture différentielle de gaz-électricité pour l’année !). Il m’était soudain devenu insupportable de la voir souffrir et impossible de la sauver. Il me fallait mettre fin à ses jours, lui éviter une mort lente et déshonorante. Un matin de printemps...
......Un de ces matins de printemps au parfum d’éternelle jeunesse où les jardinets cossus parsemés de nains souriants dans la brume vous font penser aux jardins d’Eden... en arrêt sur image. Un de ces matins, donc, je pénétrai dans mon Opel, l’air faussement guilleret et la gorge réellement nouée. Le démarreur fit vrombir le moteur en un seul tour de clés, fait rarissime et d’autant plus troublant en ce jour fatal. Mais je ne laissai pas le temps à mon esprit influençable de se poser la moindre question, je me dirigeai vers la sortie de la ville. J’avais pris soin d’emporter quelques cassettes de pseudo-musique Hindoue mais résolument relaxante afin d’endormir tout soupçon quant au but réel de cette expédition, de ce voyage... sans retour.
La campagne fit des apparitions de plus en plus fréquentes pour ne devenir, une demi-heure plus tard, qu’un festival de verts pastels et transparents. La flèche de la jauge de température avait déjà atteint les trois-quarts du cadran et je fis mine de l’ignorer. L’odeur âcre de caoutchouc brûlé qui m’était devenue familière se fit rapidement envahissante. Il y avait bien longtemps que je ne m’étais plus risqué à rouler si longtemps. Mais les kilomètres défilaient toujours, déchirés par le vrombissement rageur et asthmatique du moteur. Quelle rage de vivre habitait donc ma vieille compagne pour pouvoir propulser son corps malade à une allure vertigineuse de septante kilomètres-heure ? J’en restais bouche-bée. Je ne remarquai pas tout de suite le petit cliquetis persistant provenant de ma roue avant-gauche mais quand je ressentis les premiers tremblements dans toute la carcasse, une sournoise angoisse m’envahit. Arriverait-elle jusqu’à sa dernière demeure, en aurait-elle la force ?
Je décidai de réduire la vitesse, ce qui eut pour avantage de diminuer efficacement le bruit de la portière arrière-droite que j’avais refixé vaille-que-vaille avec du fil métallique et qui tenait miraculeusement depuis trois ans déjà. Hélas ! Mon amortisseur arrière-gauche, sous les secousses répétées provoquées par le roulement à tambours défectueux de ma roue avant-gauche, commença à s’enfoncer dangereusement dans la tôle rouillée du bas-de-caisse. Je fis mine de ne pas remarquer les appels de phares incessants du tracteur qui me suivait et qui finit par nous dépasser, mon Opel et moi. Et je répondis par un sourire innocent de malentendant aux cris paniqués du conducteur qui brandissait avec insistance un morceau de métal carbonisé qui ressemblait étrangement à mon pot d’échappement. La fin était proche, je le sentais.
Arrivé à l’entrée du sentier qui menait aux falaises, il fallut me résoudre à abaisser ma vitre (que j’arrivais à ouvrir grâce à un habile bricolage de mon crû. J’avais éventré le cache-portière afin d’avoir accès directement à la vitre que je faisais coulisser manuellement et que j’arrivais à coincer, selon les besoins, dans les deux positions les plus utilisées... ouverte et fermée.). En effet, une fumée des plus dérangeantes et sortant du capot, bouchait mon champ de vision. Ce qui me forçait, vous l’avez deviné, à piloter, la tête en dehors de l’habitacle. Trois minutes plus tard, un nid de poule eut raison de mon amortisseur arrière-gauche. Celui-ci transperça, dans un bruit d’apocalypse, la vieille tôle rouillée que j’avais soudée au bas-de-caisse, quelques mois auparavant. Ma brave Opel ne se traînait plus désormais que sur trois roues et ce, dans un vacarme indescriptible. C’est dans un concert hallucinant de métal hurlant et de craquements sinistres que nous arrivâmes au bord de la falaise.
Quand la voiture s’immobilisa et que je coupai le contact, un silence vertigineux s’imposa, nous laissant épuisés et contemplatifs. Le moment était venu de nous dire Adieu. Je fis lentement le tour de la voiture en lui donnant quelques tapes amicales et maladroites. Comme moi, je la sentais gênée, embarrassée mais lucide. Elle venait de donner le meilleur d’elle-même, elle avait été chercher au tréfonds de sa machinerie ses dernières forces, ses ultimes ressources, tel le saumon remontant la rivière pour mourir en amont. C’est sur ce coin d’herbes rases balayé par des vents marins et odorants que je compris à quel point je l’aimais... ma frangine, ma capricieuse, ma courageuse Opel.
Je me dirigeai péniblement vers l’arrière et me mis à la pousser vers le précipice... mais sans résultats. Elle ne bougeait pas d’un pouce. C’est alors que je me rendis compte, avec effroi, que dans un égarement dû à l’émotion, j’avais tiré le frein à main. Erreur fatale, le câble du frein, quand on le tirait, avait cette furieuse habitude de se bloquer et il me fallait des heures de démontage pour le décoincer. C’est la rage au coeur et les yeux inondés de larmes que je dus sortir ma boite-à-outils et replonger de tout mon corps, une dernière fois, dans l’intimité profonde de mon automobile agonisante.
Trois heures plus tard, alors que je venais de libérer le câble prisonnier d’une des roues dentées du mécanisme de direction, je sentis un début de mouvement, comme un glissement puis une accélération lente et brève à la fois, suivi du choc lourd du capot se refermant sur moi et incrustant mon corps sur le moteur, nous emmener, mon Opel et moi, et nous précipiter vers les flots rugissants de l’océan affamé. C’était donc elle ma voiture idéale, celle avec qui j’étais capable d’aller jusqu’à la mort. Je m’en rendais compte au dernier moment, après toutes ces années. Ah ! Quelle revanche ! Quel ultime baiser ! Tu es la plus belle, mon Opel ......CHPLAOUFFF......
...... Je me réveillai en sursaut, le corps ruisselant de sueur. Programme de la journée : aller baratiner les potes pour leur emprunter des sous pour réparer cette putain de vieille caisse pourrie de merde... Excuse-moi ! J’pensais pas ce que j’disais !
P.S
épicerie Turkuglu
Coin de la rue Baucq et de l’avenue Malou
1040 Bruxelles
Voyage en Touristie Méridionale
Il m’arrive parfois de rêver de vacances, d’horizons et de journées ensoleillées, de me fondre avec délectation dans cette communauté éphèmère et bigarée que l’on appelle « les Touristes ». Les touristes débarquent. Ils installent le camp, ils noient la verdure de leurs attirails fluos. Ils ont payé, ils veulent de l’aventure. Ils en ont bavé pendant toute l’année. Vous pensez bien! Deux semaines de liberté contre onze mois et demi d’esclavage consentant. Ah! les touristes et leurs effluves savonneux de crème solaire qui se mélangent à ceux, plastifiés, de leurs ratatouilles tupperware. Les gros paquets de graisse bien lisse débordant des bermudas des chefs de famille responsables. Leur démarche impériale d’investisseur en pays conquis. Leurs caméras vidéo qui empêchent jusqu’aux paysages d’être spontanés. Leur dégaine aoûtienne qui, on peut le dire, est une insulte à l’élégance la plus élémentaire.
N’avez-vous jamais mis les pieds dans un camping géant. On peut y écouter simultanément quinze émissions de radio différentes. ces rassemblements vacanciers sont une invitation à la convivialité, à la promiscuité. En effet, la toile de tente n’étant pas l’isolant sonore le plus efficace, il peut s’avérer pénible de s’y trouver célibataire et d’entendre du soir au matin des gémissements et des cris de plaisir fusant de quelques emplacements voisins, souvent les plus proches. Cela peut provoquer des comportements dangereux de la part de certains individus fragiles et influençables. Heureusement tout cela s’arrête vers les trois heures du matin pour laisser place à un concert de ronflements qui vous empêche définitivement de vous endormir. Et quel n’est pas votre étonnement quand, dès six heures du matin, résonnent déja les cris et les disputes des enfants. En chacun de nous dort un assassin potentiel, ne l’oublions jamais! La file aux sanitaires est l’occasion d’exhiber son corps atrophié de citadin oisif, décharné et blafard et d’écouter les derniers potins du village synthétique. N’oublions pas qu’une connaissance succinte de l’allemand, du hollandais et de l’anglais sont un atout. Cela ne vous fascine t’il pas de voir le nombre grandissant de gens attirés par le charme particulier de l’univers concentrationnaire. Nous regretterons la trop grande rareté des tempêtes inondatoires qui ont vite fait de mettre fin à cette routine en nous offrant des coulées de boue aux allures volcaniques charriant pêle-mêle des hauvents déchiquetés et des caravanes brièvement amphibies. Les plus chanceux de nos vacanciers se retrouvent ligotés dans l’ambulance du SAMU et se voient généreusement rapatriés en TGV dans leur doux foyer nordique, cablé et isolé.
Je ne vous parlerai pas de ces immondes individus que l’on appelle les gérants de campings, qui arrivent le plus naturellement du monde à vous vendre le minimum de survie alimentaire à un prix maximum et cela avec un sourire de familiarité complice qui frise la crampe. Le côté débonnaire et franchouillard du mari, inbibé de pastis du matin au soir, est tempéré par la poigne de fer et le regard boursier de sa femme.
Le « must » c’est le bal du quarorze juillet qui nous rappelle avec force à quel point le fossé entre les générations se creuse à une allure exponentielle. Car il est évident qu’il ne peut y avoir de terrain d’entente entre Yvette Horner et Metallica. Les partisans du second en sont à leurs frais et se retrouvent à fumer des pêtards dans l’obcurité et à revenir complètement hallucinés se jeter dans un pogo d’enfer sur le troisième âge en plein tango décalsifié. Cela pourrait rapidement dégénérer si les loubards de la région, organisés en milices privées et en chasse de jeunes femelles teutones ou viking, ne venaient remettre de l’ordre sur la piste de danse à coups de boules et de bouteilles cassées. Leur méthode est certes choquante mais, reconaissons-le, tellement efficace. Et quel spectacle pathétique que d’entendre les cris enroués du pauvre père de famille batave voyant passer sa fille de quinze ans traverser le camping à tout berzingue sur la vieille Honda 750 Four du fils de l’épicier du village au visage balafré et inquiétant. Mais ne pouvons nous pas comprendre et pardonner cette jeune enfant qui ne trouve pas la plénitude de son épanouissement dans les longues heures de pétanque-apéro, les visites guidées d’abbayes en ruines et surtout les journées entières de cuisson Nivéa à la plage.
Ah! la plage! Ces milliers de corps bien rougis, s’offrant à la morsure sans zozone du soleil. Ce goût prononcé des hommes et femmes blanches pour le brun diarrhée et le viellissement accéléré de la peau. Cette eau opaque et jaunasse dans laquelle les petits enfants incontinents (c’est bien normal, à leur âge) se trémoussent entre les surfs incontrôlables et les pneumatiques indirigeables. Un conseil d’ami: ne pas confondre une vieille mami bien enrobée en train de faire la planche et un matelas pneumatique Fina, tous les deux flottent aussi bien mais la mami au moins, personne ne pourra vous la dégonfler, c’est plus sûr! J’ai une sympathie toute particulière pour les vendeurs de sodas et de crême glacée piétinnant innocemment le camembert que vous aviez précautioneusement mis à l’ombre sous votre journal et ...quelle délicate attention que de laisser glisser distraitement quelques glaçons destinés à la boisson du petit, sur votre dos carbonisé et en pleine sieste. Ce sont des petits riens qui comptent et qui à la longue changent insidieusement votre perception des autres et de leurs comportements. Des anecdotes croustillantes ? Oui! bien sûr! J’ai un souvenir ému d’un allemand écrevisse qui mourut avant que d’être consommé. Le pauvre homme fut éventré par un cerf-volant mal contrôlé qui fondit (c’est le cas de le dire!) sur lui comme un oiseau de proie. Croyez-moi! Il est bien plus préférable de se faire casser le nez par un lancé de ballon de volley-ball mal ajusté.
Il nous reste à nous évader en amoureux dans les dernières grandes forêts feuillues aux charmes grandioses, aux parfums de mystère dont le plus étonnant et le plus récent reste l’apparition des incontournables « Mountain bikes » qui pourfendent de leur cliquetis robotique les petits sous-bois fleuris où l’on vient enfin de trouver un tapis non épineux pour y coucher sa compagne et lui apprendre le nom des feuilles. Il est très difficile de deviner l’endroit dont le monstre va surgir et cela rend la chose encore plus excitante. Il se peut parfois que son arrivée vous soit annoncée par ses deux pitbuls qui n’écoutent que la voix de leur maître sur deux roues et qui, la gueule écumant de bave, débouleront en éclaireurs dans votre cachette pour y renifler votre entre-jambes en pleine lévitation. Mais leur intrusion ne sera que très brève car le but de leur course effrénée se trouve être, à 10 mètres de vous, l’exhibitioniste en pleine extase que vous n’aviez même pas remarqué, tout occupé à vos ébats botaniques.
Mais pour vivre ces dépaysements sylvestres, un week-end nous suffira ou même une après-midi... Il suffit qu’il fasse beau, de trouver une compagne, d’avoir une voiture qui roule et une gueule de bois finissante... et le tour est joué. Les vacances, c’est en nous qu’il faut les trouver!